Vol. 4 No. 10 (2024): octobre
Examens d’une technologie de la santé

La gestion des voies respiratoires en cas d’urgence en milieu extrahospitalier

image décorative de la couverture

Publication : October 17, 2024

Messages clés

Quelle est la situation?

  • La gestion des voies respiratoires est un élément crucial des soins préhospitaliers d’urgence, et a une incidence sur la survie et le rétablissement du patient. L’intubation endotrachéale est depuis longtemps vue comme étant la méthode par excellence; pourtant, son taux de réussite dans les milieux non contrôlés, comme les milieux extrahospitaliers, peut varier en raison de la complexité de l’intervention.
  • Les dispositifs extraglottiques, dont les dispositifs supraglottiques et rétroglottiques, constituent une solution de rechange plus facile à mettre en place; cependant, leur incidence sur les issues pour les patients doit être étudiée.

Qu’avons-nous fait?

  • Nous avons comparé l’efficacité de différents types de dispositifs extraglottiques à celle de l’intubation endotrachéale afin d’éclairer les décisions sur le recours aux dispositifs extraglottiques en cas d’urgence en milieu extrahospitalier. Nous nous sommes penchés sur deux types de dispositifs supraglottiques (i-gel et masque laryngé) et un type de dispositif rétroglottique (tube laryngé King). Nous avons également cherché à relever les lignes directrices fondées sur des données probantes concernant le recours aux dispositifs extraglottiques chez la population d’intérêt.
  • Nous avons interrogé des ressources clés, dont des bases de données de références de revues, et effectué une recherche ciblée sur Internet des données probantes pertinentes publiées depuis 2019. Les publications relevées ont été évaluées, analysées et résumées.

Qu’avons-nous trouvé?

  • La plupart des études relevées portent principalement sur des adultes ayant subi un arrêt cardiaque en milieu extrahospitalier (ACEH).
  • Les dispositifs i-gel sont associés à un meilleur taux de réussite que les tubes laryngés King et les masques laryngés. Ils sont aussi associés à des taux supérieurs de survie et de restauration d’une circulation spontanée, et à une fréquence semblable d’évènements indésirables par rapport aux tubes laryngés King. Les publications relevées ne révèlent pas de différence significative entre les dispositifs i-gel et les masques laryngés pour ce qui est de la réussite au premier essai, de la survie ou de la restauration d’une circulation spontanée. Nous n’avons pas trouvé d’études répondant aux critères d’inclusion de cet examen qui comparent les masques laryngés aux tubes laryngés King.
  • Comparativement à l’intubation endotrachéale, les dispositifs i-gel et les tubes laryngés King sont associés à des taux de mise en place réussie supérieurs; cependant, lorsqu’on les compare entre eux, les tubes laryngés, les masques laryngés et les dispositifs i-gel sont associés à des résultats cliniques semblables, ou les constatations sont variables. Quelques exceptions : les tubes laryngés King sont associés à des taux supérieurs de restauration d’une circulation spontanée, et les masques laryngés, à des taux inférieurs de survie à l’admission, bien que la différence pour ce dernier critère ne soit pas significative. Une analyse par sous-groupes dans le cadre d’un essai clinique randomisé (ECR) laisse entendre que les dispositifs i-gel pourraient être associés à de meilleurs résultats que l’intubation endotrachéale chez certains patients.
  • Lors d’une étude non randomisée portant sur des patients ayant subi une urgence autre qu’un arrêt cardiaque, y compris des enfants, les dispositifs extraglottiques sont associés à des taux supérieurs de réussite au premier essai que l’intubation endotrachéale, la différence étant plus marquée chez les enfants.
  • Un ensemble de lignes directrices fondées sur des données probantes laisse entendre que les dispositifs supraglottiques pourraient être utilisés chez les patients ayant subi un ACEH. Chez les enfants ayant connu un ACEH, un traumatisme ou une urgence médicale, les lignes directrices recommandent le recours aux dispositifs supraglottiques plutôt qu’à l’intubation endotrachéale. Les lignes directrices soulignent qu’il n’y a pas suffisamment de données probantes pour formuler des recommandations fortes, mais font état des résultats suivants :
  • o      les dispositifs supraglottiques sont supérieurs à l’intubation endotrachéale chez les enfants en raison de facteurs comme : un meilleur taux de réussite au premier essai, les effets néfastes associés aux tentatives d’intubation endotrachéale échouées et la rareté de l’intervention;
  • o      chez les adultes ayant subi un ACEH ou une urgence médicale, au moment de choisir entre un dispositif supraglottique et l’intubation endotrachéale, les auteurs recommandent de tenir compte du taux de réussite de l’intubation endotrachéale dans l’organisation. En l’absence de données confirmant un taux élevé de réussite, un dispositif supraglottique est recommandé; si l’organisation a un taux élevé de réussite, l’une ou l’autre des méthodes peut être utilisée.

Qu’est-ce que ça signifie?

  • Il faudra d’autres essais randomisés de grande qualité pour pleinement comprendre l’incidence des dispositifs extraglottiques sur les critères d’évaluation importants pour les patients ayant subi un ACEH ou présentant une autre indication, y compris les enfants.
  • Les études indiquent que les dispositifs i-gel sont plus faciles à mettre en place que les tubes laryngés King et semblent associés à des critères d’évaluation plus favorables, alors qu’ils ont des résultats semblables aux masques laryngés. Le recours aux dispositifs extraglottiques est associé à des résultats semblables à l’intubation endotrachéale chez les patients ayant subi une urgence en milieu extrahospitalier. La mise en place des dispositifs i-gel et des tubes laryngés King serait plus facile qu’une intubation endotrachéale.
  • Comme la plupart des études relevées portent sur les adultes ayant subi un ACEH, on ignore si ces résultats peuvent être généralisés à d’autres groupes de patients, notamment les personnes présentant d’autres indications et les enfants. Peu d’études décrivent les évènements indésirables, ce qui pourrait entrainer une surestimation des avantages des dispositifs extraglottiques. Les lignes directrices fondées sur des données probantes relevées formulent différentes recommandations applicables aux enfants et aux adultes, ce qui indique que d’autres facteurs pourraient influer sur la stratégie optimale de gestion des voies respiratoires.
  • Les décisions sur le recours à un dispositif extraglottique pourraient dépendre de facteurs particuliers propres au patient (p. ex. adulte ou enfant, cause de l’urgence), de facteurs locaux (p. ex. compétence des ambulanciers paramédicaux en intubation endotrachéale), et des besoins de formation associés à chaque stratégie.