L’engorgement des urgences : analyse de l’environnement sur les facteurs contribuant au problème et résumé des données probantes issues de revues systématiques sur les interventions

Messages clés

• L’engorgement des urgences désigne une situation dans laquelle la demande de services de santé dépasse la capacité du service des urgences, de l’hôpital ou de la communauté à offrir des soins de qualité dans des délais raisonnables. Le problème s’aggrave partout au Canada, et il est nécessaire de s’attaquer à ses nombreuses causes et de trouver d’éventuelles solutions.
• Ce rapport emploie une version modifiée du modèle conceptuel mis au point par Asplin et coll. (2003), qui divise le système de soins d’urgence en trois volets interdépendants : l’afflux (arrivée aux urgences), l’intervention (cheminement au sein du service) et l’issue (départ des urgences). Nous nous sommes également penchés sur un quatrième volet regroupant les facteurs contextuels et les systèmes qui ont une incidence sur l’engorgement, mais ne s’inscrivent pas dans les trois premiers volets.
  • Quelques exemples de facteurs contributifs : l’augmentation de la complexité des besoins (afflux), les tests diagnostiques et interventions médicales (intervention), l’occupation par des patients en attente d’un lit (issue) et les ressources limitées en santé mentale et toxicomanie (facteur externe).
  • Quelques exemples d’interventions efficaces dans certains contextes : la prise de décisions par les premiers répondants (en contexte préhospitalier), qui réduit le nombre de visites aux urgences (afflux); les unités de crise accueillant pour de brefs séjours les personnes ayant des problèmes de santé mentale, ce qui entraine des améliorations sur le plan de la durée de séjour aux urgences, des temps d’attente, de l’occupation des urgences ainsi que de la sécurité des patients (intervention); la planification des congés aux services des urgences, qui réduit les retours (issue); ainsi que les réformes politiques prévoyant des cibles temporelles, qui réduisent la durée des séjours aux urgences (facteur externe).
• La plupart des facteurs relevés dans la documentation publiée sont présents à l’extérieur des urgences ou à l’interface des services des urgences et d’autres services de santé (afflux et issue), tandis que la plupart des interventions repérées s’opèreraient au sein même des urgences (intervention).
• Les participants sondés (lors de séances de discussion à plusieurs parties prenantes [lien en anglais]) ainsi que les experts en la matière nous ont dit que l’engorgement des urgences était un problème complexe touchant le système de santé, et dont les causes, les répercussions et les solutions sortent du seul cadre des services des urgences. Voici plus précisément certaines des observations entendues :
  • Il est préférable d’envisager l’engorgement des urgences comme un problème d’engorgement de l’hôpital et de ressources limitées au sein des systèmes de services sociaux et de soins de santé. Les facteurs contributifs, à l’intérieur et à l’extérieur des services des urgences, interagissent et s’influencent mutuellement, et subissent les effets des réalités économiques, culturelles et institutionnelles.
  • Pour résoudre le problème, il faut s’attaquer à la question de la responsabilité et mettre en œuvre des solutions multifacettes appelant à la collaboration de divers systèmes et de diverses voix.
  • Les technologies et les données (collecte et utilisation) actuelles ne sont pas exploitées à leur plein potentiel; il y aurait moyen de mieux les utiliser de façon à lutter contre le problème.
• Il y a dans la documentation examinée un manque de résultats portant explicitement sur des considérations relatives à l’équité et à l’éthique en ce qui concerne les facteurs contribuant à l’engorgement des urgences et les interventions visant à remédier au problème. Lors de travaux à venir, il faudrait chercher de façon délibérée et explicite à inclure : des considérations éthiques à la recherche, à la planification et à l’élaboration de politiques; des considérations relatives aux groupes dignes d’équité; et du temps dédié pour étudier les diverses facettes de cette question.
• Ce rapport de l’ACMTS ainsi que notre série de rapports sur l’engorgement des urgences sont un point de départ visant à combler l’écart entre la documentation, les discussions avec les parties prenantes et les opinions d’experts afin d’aider les décideurs à comprendre les divers aspects du problème et à consulter les données probantes pertinentes les plus récentes pour guider leur travail.