Vol. 3 No. 12 (2023)
Examens d’une technologie de la santé

Le dépistage du cancer colorectal chez les personnes de moins de 50 ans

Publication : December 20, 2023

Messages clés

Quelle est la situation?

  • Au Canada, l’incidence du cancer colorectal chez les personnes âgées de moins de 50 ans est en hausse, et ce, en dépit de recommandations canadiennes de commencer le dépistage du cancer colorectal à partir de 50 ans.
  • En réponse à cette augmentation de l’incidence du cancer colorectal, aussi observée ailleurs, il a été recommandé d’effectuer son dépistage chez les personnes âgées de moins de 50 ans présentant un risque moyen.
  • Ces facteurs ont mené à un réexamen des lignes directrices canadiennes au sujet de l’âge auquel il faudrait effectuer les premiers dépistages du cancer colorectal.

Qu’avons-nous fait?

  • Pour bien prendre en compte des facteurs liés à l’âge auquel commencer le dépistage du cancer colorectal, l’ACMTS a recensé et résumé les études qui comparent le dépistage du cancer colorectal chez les personnes de moins de 50 ans présentant un risque moyen à l’absence de dépistage ou au premier dépistage effectué chez les personnes de 50 ans et plus présentant un risque moyen.
  • Un spécialiste de l’information a effectué une recherche dans les publications avec comité de lecture et dans la littérature grise. Nous avons cherché et résumé des recommandations de lignes directrices fondées sur des données probantes au sujet du dépistage chez les personnes de moins de 50 ans présentant un risque moyen.

Qu’avons-nous trouvé?

  • Selon les données d’une étude de cohorte rétrospective menée sur 13 ans aux États-Unis auprès d’un vaste échantillon, l’incidence du cancer colorectal est plus élevée chez les personnes de 45 à 49 ans qui ont subi une coloscopie de dépistage que chez celles de 50 à 54 ans.
  • Les données d’une étude de cohorte rétrospective menée sur un an d’observation en Grèce et comportant un échantillon limité ne révèlent aucune différence dans l’incidence cumulative du cancer colorectal chez les personnes présentant un risque moyen, qu’elles soient âgées de moins de 50 ans ou de 50 ans et plus.
  • Les estimations tirées de quatre études de modélisation (dont une menée au Canada), portant sur le dépistage chez les personnes de moins de 50 ans, donnent à penser que ce dépistage serait associé à un gain d’années de vie, de même qu’à une réduction des cas de cancer colorectal et des décès, mais qu’il est probable que le nombre de coloscopies et de complications au cours de la vie entière, augmenterait conséquemment.
  • Une évaluation économique menée au Portugal conclut que le rapport cout/utilité du dépistage du cancer colorectal n’est pas avantageux chez les personnes de moins âgées de 50 ans présentant un risque moyen, à un seuil de disposition à payer de 39 760 euros, compte tenu des estimations actuelles de l’incidence dans cette tranche d’âge.
  • Sept lignes directrices fondées sur des données probantes recensées recommandent que le dépistage du cancer colorectal soit amorcé dès l’âge de 45 ans chez les personnes présentant un risque moyen, tandis qu’une autre ligne directrice recommande de ne pas effectuer de dépistage à partir de 45 ans chez les personnes présentant un risque moyen. Enfin, une autre ligne directrice ne conseille pas le dépistage à partir de 40 ans. La plupart des lignes directrices fondées sur des données probantes soulignent le manque de données empiriques décrivant l’efficacité clinique et la rentabilité, ce qui limite la préparation de recommandations.

Qu’est-ce que ça signifie?

  • Bien que les données empiriques décrivant l’efficacité du dépistage du cancer colorectal chez les personnes de moins de 50 ans présentant un risque moyen demeurent limitées, la majorité des lignes directrices fondées sur des données probantes recensées dans le cadre de cet examen recommandent cette option.
  • Selon les données de la modélisation, le dépistage du cancer colorectal chez les personnes de moins de 50 ans pourrait procurer des bienfaits, bien que les estimations dépendent des intrants et des hypothèses du modèle (respect parfait des protocoles de dépistage, par exemple), et qu’elles pourraient ne pas tenir compte suffisamment des effets néfastes de ce dépistage.
  • Il y a d’autres façons de tirer parti des avantages du dépistage du cancer colorectal, notamment en ciblant l’adhésion accrue au dépistage chez les personnes de groupes défavorisés ou présentant un risque élevé, y compris les personnes de 50 ans et plus.
  • Des facteurs à considérer plus généraux, qui pèsent sur les avantages et les couts sociétaux, notamment l’équité en santé et la mise en œuvre, sont essentiels pour éclairer les décisions concernant le dépistage du cancer colorectal chez les personnes de moins de 50 ans présentant un risque moyen.