Vol. 4 No. 2 (2024)
Examens d’une technologie de la santé

La kétamine dans le traitement des troubles liés à l’usage de substances psychoactives chez l’adulte

image décorative de la couverture

Publication : February 28, 2024

Messages clés

Quelle est la situation?

  • De plus en plus de recherches démontrent que la kétamine à une dose sous-anesthésique entraine un effet antidépresseur rapide et soutenu. En 2019, la FDA américaine a autorisé l’utilisation de l’énantiomère S de la kétamine (l’eskétamine) en contexte de dépression résistante au traitement.
  • Depuis, on constate un intérêt pour l’utilisation élargie de la kétamine pour traiter une vaste gamme de troubles de santé mentale outre la dépression, notamment les troubles liés à l’usage de substances psychoactives.
  • Les décideurs veulent savoir s’il y a des données probantes appuyant le recours à la kétamine dans le traitement de ce type de troubles.

Qu’avons-nous fait?

  • Afin de guider les décisions sur le recours à la kétamine dans le traitement des troubles liés à l’usage de substance, nous avons cherché à relever et à résumer la documentation comparant l’efficacité clinique et le rapport cout/efficacité de la kétamine à ceux du placébo ou de l’absence de traitement, d’autres interventions, ou de la kétamine administrée par d’autres voies. Nous avons aussi cherché à répertorier des recommandations fondées sur des données probantes au sujet du recours à la kétamine dans le contexte à l’étude.
  • Une personne spécialiste de l’information a effectué une recherche de matériel publié entre le 1erjanvier 2018 et le 28 novembre 2023 dans des publications avec comité de lecture et des sources de littérature grise. Une personne examinatrice a passé en revue les références en fonction de critères d’inclusion prédéfinis, effectué une évaluation critique des études retenues et rédigé un résumé narratif des résultats.

Qu’avons-nous trouvé?

  • Nous avons répertorié deux revues systématiques (RS) et un essai clinique randomisé (ECR) portant sur le recours à la kétamine chez des patients atteints d’un trouble lié à l’usage de l’alcool, de la cocaïne et des opioïdes.
  • D’après les données probantes tirées de deux RS, une combinaison de kétamine en perfusion et de psychothérapie pourrait être efficace pour favoriser l’abstinence et la réduction de la consommation d’alcool et de cocaïne. Les résultats concernant les effets de la kétamine sur les symptômes de sevrage et l’état de manque semblent partagés.
  • Les effets de la kétamine sur les troubles à l’étude ne sont pas concluants, comme les résultats proviennent d’une seule étude portant sur un petit échantillon. De même, les effets de la kétamine sur l’utilisation des ressources de soins de santé (p. ex. nouvelles admissions à l’hôpital, visites aux urgences) par les patients ayant un trouble grave lié à l’utilisation de l’alcool décrits dans un ECR ne sont pas concluants en raison de la petite taille de l’échantillon.
  • Les évènements indésirables associés à la kétamine comprennent les effets dissociatifs et psychomimétiques. Les auteurs de la RS indiquent que ces évènements sont légers et passagers.
  • Nous n’avons pas trouvé d’études sur le rapport cout/efficacité de la kétamine dans le traitement des troubles à l’étude ni de lignes directrices fondées sur des données probantes répondant aux critères de cet examen.

Qu’est-ce que ça signifie?

  • Les conclusions sur les effets favorables de la kétamine dans le traitement des troubles liés à l’usage d’alcool et de cocaïne doivent être interprétées avec prudence, comme les études comprises dans les RS comportent un fort risque de biais.
  • Il faut des essais cliniques robustes portant sur de grands échantillons, avec insu, et comportant un faible risque de biais qui pourraient fournir des résultats plus précis sur l’efficacité clinique, les stratégies posologiques et le profil d’innocuité de la kétamine dans le traitement des troubles liés à l’usage de l’alcool, de la cocaïne et des opioïdes.
  • Des études supplémentaires portant sur d’autres substances (p. ex. nicotine, amphétamines, cannabis) pourraient fournir d’importants renseignements sur l’efficacité globale de la kétamine dans l’indication à l’étude.